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21 juin 2012 4 21 /06 /juin /2012 22:15

DSCF1072.JPGC'est par surprise que j'ai attaqué le col de l'Izoard, la griserie de la montagne ayant eu raison de mon impatience.

Je terminai mon précédent article en expliquant que, l'après-midi du jour de mon arrivée dans la vallée de la Durance, j' avais mis au programme la reconnaissance du col de l' Izoard après le déjeuner.

Du Centre de la Banque de France d' Embrun où j'avais posé mon paquetage, je me dirigeai donc vers Guillestre, à 19km à l'Est. J'avais toujours le vélo dans le coffre et un équipement cycliste disponible dans la voiture. Il faisait beau temps et je découvrais la vallée de la Durance et la rivière elle-même sur laquelle des amateurs de rafting s'éclataient au milieu des cris stridents des filles tout émoustillées. Avant d' arriver à Guillestre j'aperçus au loin des cyclistes que je ne tardai pas à rejoindre. Leur allure, le temps ensoleillé....c'en était trop. C'est là que mon programme a subitement été modifié dans ma petite tête :   supprimée la reconnaissance du col : "IZOARD, je te grimpe aujourd'hui" !!!

C'est précisément parce que je n'avais pas fait la reconnaissance du col que j'ai été surpris par les douze premiers kilomètres, bien qu' ayant consulté différents sites internet traitant de cette ascension avant de quitter ma province. En effet, après un court passage au pourcentage moyen, la pente des kilomètres suivants était plutôt négative ou semblait l'être. L'allure élevée (pour le franchissement d'un col) de 35km/h à laquelle je roulais nécessitait si peu d'effort que, pensant à mon fils qui était sur le point de devenir papa pour la 3e fois, je pris le temps de dégainer mon portable pour lui laisser un message verbal, le fiston n'étant pas un accroc des télécom n' a pas souvent son mobile à portée d'oreille !

DSCF1086.JPGToujours est-il qu' après avoir franchi les tunnels et passé la Combe du Queyras, J'arrivai à la bifurcation qui mène soit vers St Véran et le col Agnel, soit au col de l' IZOARD. C'est là que commence véritablement l'ascension du col avec une pente relativement modeste qui s'accentue sur quelques dizaines de mètres à plus de 10%. Le profil de la route évolue dans des pourcentages de 5% à 7% avant d' atteindre Arvieux. Dès la sortie du village, la difficulté rappelle au cycliste qu'il n'est pas dans le plat pays cher à Jacques, mais bel et bien en train de grimper l'un des cols les plus réputés de la Grande Boucle. Il faut naturellement penser à boire régulièrement et s'alimenter avant que les conditions ne deviennent réellement très difficiles, la déglutition dans l'effort intense perturbant le rythme respiratoire qu'il est important de conserver assez régulier. Sur près d'un kilomètre la route s'incline à 10% puis, après une courte pause, elle redépasse 7% et 8% avant Brunissard. Et là, on n'est pas au bout de nos peines ! On évolue à 1800m d'altitude et devant soi se déroule un ruban bitumé à 10% sur 800 m avant unDSCF1113.JPGe portion de 2,5km à 9% suivie d'une autre de plus d'un 1 km à 8% pour atteindre la fameuse Casse Déserte. Jusque là, le regard se fixe sur les 2 mètres qui se déroulent devant le vélo et la concentration sur la gestion de l'effort rend inaccessible à la vue la beauté des sites qui vous entoure. C'est dans la plus grande ignorance que j'ai passé les plaques gravées aux noms de Fausto Coppi et de Louison Bobet.

A la Casse déserte, on a enfin le loisir d'admirer pendant quelques centaines de mètres de répit le paysage quasi lunaire qui s'étend autour de nous. Je maintiens néanmoins un effort minimum pour franchir cet espace où la pierre a pris possession de la montagne. Il reste un peu plus de 2km de pente à 9% à parcourir avant d'atteindre un final au dessus de 7%. La lutte est très dure contre le vent qui vient du Nord et que plus aucune végétation n'arrête. J'attaque les pédales comme le bûcheron qui cogne le tronc d'un arbre avec les mêmes cris de hargne. Les muscles tiennent et je ne pressens aucune défaillance de leur part. Je surveille ma respiration pour DSCF1117-copie-1.JPGgarder au palpitant un battement raisonnable. Enfin j'atteins la dernière courbe qui dévoile le haut monument symbolisant l'arrivée au Col de l'IZOARD.

Quel enthousiasme, quel bonheur, quelle satisfaction.....mais ça caille !!!! Le vent est froid et violent. Il y a bien un petit cabanon de l'autre côté de la route contre lequel s'abritent des cyclistes montés avant moi ou ayant fait l'ascension depuis Briançon, mais le local n'est pas ouvert.

...C'est à Guillestre que, le lendemain, j'ai pu trouver dans un magasin SPORT2000 un maillot de cycliste à ma taille et qui portait inscrit en blanc sur fond noir :

 

COL DE L'IZOARD 2361 mètres

DSCF1096.JPGVoir la Montée du col de l'Izoard 

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commentaires

J
<br /> Merci Steph ! (J'ai cru comprendre que tu t'appelles Stephane !).<br /> <br /> <br /> Comme bien senti dans la première lecture de Bouvigny, tu n'as pas les mollets en cotton ! Faire 3 cols dans la foulée, c'est pour, comme dirait Tapie, les mecs sévèrement "burnés" !!! Mais...qui<br /> sait...la nature est tellement bien faite, c'est souvent la tête qui abandonne avant les jambes. En effet, quand on en est à 3km d'ascension et qu'il en reste 17 ou plus, on se dit "Nom d'un<br /> chien, ça va craquer bien avant que j'arrive au bout" ! Eh bien non...pas forcément !<br /> <br /> <br /> Je ne savais pas, en effet, que le cabanon était un musée dédié aux exploits des deux compères. Mais, de toutes façons, il était fermé. Pour l'an prochain, je ne sais pas encore quels cols je<br /> monterai. Si mon chemin repasse par là, je penserai à toi en allant y faire un tour !<br />
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M
<br /> C'est cet article que j'avais lu en rentrant de vacances cette année......<br /> <br /> <br /> Le l'ai fait aussi cet izorad....en juillet.....mais côté BIANCON......<br /> <br /> <br /> T'es assis ?<br /> <br /> <br /> Ecoute un peu ma virée : <br /> <br /> <br /> J'étais en location à VALLOIRE en Savoie......<br /> <br /> <br /> On annonçais une météo de rêve avec des températures super estivales ce 18 juillet (34 dans la vallée) ......<br /> <br /> <br /> Je suis parti pour 8h de selle, 150 kms et 4000 mètres de dénivelé environ.....<br /> <br /> <br /> GALIBIER, IZOARD, LAUTARET et re GALIBIER !!!!!!!!!<br /> <br /> <br /> Je suis rentré démoli.....<br /> <br /> <br /> J'ai cherché partout après cette fameuse casse déserte pendant mon ascension......<br /> <br /> <br /> Je ne savais pas qu'elle se trouvait sur l'autre versant.....<br /> <br /> <br /> T'as eu de la chance de faire l'ascension de ce côté et de découvrir ce décors magnifique.....<br /> <br /> <br /> Vive la montagne.....<br /> <br /> <br /> Hey.....Tu savais que le fameux cabanon dont tu parles en haut du col est un mini musée ou l'on retrace les exploits de LOUISON BOBET ou FAUSTO COPPI ?<br /> <br /> <br /> Superbe article en tout cas ou tu relates bien l'impossibilité de resister à l'appel de la montagne........<br />
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J
<br /> Merci Rodrigue, Quand j'écris, il y a un petit coin de ma tête qui me dit : "Sois enthousiaste, sois convaincant, fais-le rêver....un jour il va craquer ton dauphin et il t'accompagnera pour te<br /> montrer à son tour le chemin " !!!<br />
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J
<br /> Mais, Cigogne, je suis taillé comme une lame de rasoir !<br />
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R
<br /> Superbe récit! Quel courage... juste pour enrager Mimi!!<br /> <br /> <br /> Sinon, un très bel exploit!<br /> <br /> <br /> A ce soir<br />
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