Comment transmettre, à chacun de vous qui venez visiter cet espace , la vive l'émotion ressentie lors de l'ascension de cols mythiques quand, seul dans l'effort au beau milieu de cette nature gigantesque qui vous enveloppe et vous grise, vous vous sentez humble et tellement heureux ?!RHENS - JUGENHEIM (75km)
Le petit-déjeuner pris à l' hôtel der Roter Ochse fait regretter d'avoir à quitter l'établissement l'heure qui suit. Les "Brötchen" et autres tranches de pains spéciaux peuvent être accompagnés de divers jambons, saucissons, fromages variés et confitures multiples. Le café, servi à volonté, est un délice. Rien ne manque et le personnel est aux petits soins.
Le programme de cette dernière journée est très bref : 75km dont une cinquantaine le long de la vallée du Rhin jusque BINGEN. Aussi le "frühstück" traîne en longueur et je me fais plaisir. Je prendrai également le temps de saluer le personnel avant mon départ ainsi que le propriétaire de l' hôtel qui est toujours très attentif au bien-être de ses hôtes.
Finalement, je quitte la ville de RHENS à l'heure habituelle.
Très vite je rejoins les bords du Rhin et je passe BOPPARD après 10km de route. Je traverse en flânant les jardins qui bordent le fleuve mythique puis je reprends ma route à belle allure (entre 30km/h et 35km/h) sur une piste cyclable qui longe la route nationale et dont j'ai hâte de voir le bout car ce tronçon est constitué de longues plaques de béton d'une vingtaine de mètres reliées entre-elles par un joint en bitume lui-même parfois gagné par des mousses ou des herbes sauvages. Chaque franchissement de ce joint est désagréable au possible.
Une quinzaine de kilomètres après BOPPARD, j' atteignis un lieu très célèbre chez nos voisins germaniques pour tenir une place très importante dans leur mythologie : le rocher de la LORELEI.
Situé dans un méandre du Rhin, après la ville de Sankt Goar, à l'endroit où le passage navigable est le plus étroit, ce rocher abrite, selon la légende, une nymphe (appelée nixe chez les germains) du nom de Lorelei qui attirait par son chant les navigateurs de passage afin qu'ils jettent leur embarcation sur les récifs bordant le fameux rocher. L'endroit est digne d'intérêt compte tenu de la place qu'il occupe dans la mythologie germanique et peut être gravi à pied par les touristes pour rencontrer la statue de la Lorelei et admirer le point de vue offert sur le Rhin.
Le site se trouvant sur l'autre berge du fleuve, une brève halte me suffit pour prendre le temps de faire quelques clichés avant de poursuivre ma petite promenade (à 30km/h environ...quand même !).
La prochaine ville vaut bien une pause : BACHARACH. Tout comme à BOPPARD, un grand jardin sépare les luxueux hôtels et autres bâtiments du fleuve qui porte dans un balai incessant des gigantesques péniches ainsi que de multiples bâteaux-navettes transportant des touristes que j'imagine émerveillés devant tant de splendeur. 
Une terrasse m'invite à me rafraîchir. Je ne résiste pas à me joindre à quelques consommateurs et je commande un grand panaché que j'avalerai promptement avant d'en commander un second. Cette année le beau temps semble se maintenir jusqu'au bout de mon périple et il fait très chaud. Je ne tarde pas à rejoindre le bord du fleuve pour sentir l'air un peu plus frais pénétrer mes poumons ! Je tombe le sac à dos dont je retire le sandwish que j'ai eu la bonne idée de me préparer ce matin au petit-déjeuner ! Jambon-fromage ! Inutile de vous dire à quel point je me régale !
Il me reste 16 kilomètres pour arriver à BINGEN. Dernière ville de mon itinéraire se situant sur les bords du Rhin avant de pénétrer dans le Rheinessen, pays de vignobles également où se situe la ville de mes amis : JUGENHEIM.
Il fait très chaud et, la piste cyclable se trouvant désormais le long du fleuve, séparée de lui par des arbustes et des petits bosquets, il m'arrive de profiter de petits espaces réservés aux promeneurs ou aux pêcheurs pour descendre me
rafraîchir en m'aspergeant des pieds à la tête. Soudain, un endroit plus vaste se présente, très accessible. Une mini plage à l'ombre des arbustes ! Je freine des quatre patins et mets pied à terre. J'eus tôt fait de me débarasser de mon bardat et il ne me fallut pas plus de temps pour me retrouver quasi nu que pour vous le dire !
Vêtu de mon seul "mini" cuissard retroussé jusqu'à l'aisne, je progressai lentement sur un genre de digue en pierre qui s'avançait vers le milieu du Rhin. C'était un peu surréaliste de se trouver en plein milieu de ce fleuve, quasiment entouré d'eau en regardant passer les péniches et bâteaux-promenades à encore - quand même - quelques dizaines de mètres de moi.
Après avoir profité de cette aubaine, je me mouillai de la tête aux pieds avant de revenir à une tenue plus adaptée à la poursuite de mon voyage ! Le soleil cognait tellement que trois kilomètres plus loin, j'étais à nouveau sec comme un kéké sous le soleil de Djibouti !
C'est aux alentours de 12h00 lorsque j' arrivai à BINGEN.
Je pénétrai le centre ville et me dirigeai vers un restaurant mais, finalement, c'est un salon de thé qui retint mon attention...ou plutôt, l'attention de mes yeux reliés directement à mon estomac gourmand. Il s'agissait, en fait, d'un établissement comme on en voit souvent en Allemagne où l'on peut prendre une boisson et déguster des pâtisseries comme on n'en trouve que là-bas :
Un comptoir rempli de gâteaux divers et variés s'offre à vous. Vous commandez ce qui vous plaît. La charmante dame vous donne un ticket et vous prenez place à table. Une autre personne vient alors prendre commande de votre boisson et emmène votre ticket pour vous servir l'ensemble
de votre commande quelques minutes plus tard. Avec un double-panaché, j'ai commandé un extraordinaire gâteau aux framboises suivi d'une glace à la fraise merveilleuse débordante de chantilly.
C'était absolument délicieux...., c'était...bon comme tout ce que l'on a pas le droit de faire...., bon comme un péché. Oh oui, quand c'est bon comme ça, c'est certainement un péché !
Il me fallut une bonne demi-heure pour m'en remettre après avoir avalé toutes ces gâteries avant de reprendre la route.
Plus que 20km me séparaient de ma destination finale. En quittant le lit du fleuve on se présente fatalement dans des régions plus accidentées et le profil de la route devient pentu. Une difficulté sérieuse se présente après le village d' ASPISHEIM sur une distance d'environ 3 kilomètres. La traversée elle-même de ce village se fait sur un plan incliné de 3 à 5% et c'est ensuite que le second plateau est rendu nécessaire pour grimper quelques lacets d'une route dont le pourcentage passe à 7 ou 8%. Finalement, après plus de deux jours de plat
dans la vallée, les efforts imposés ainsi en fin de périple me procuraient un plaisir qui me rappelait, dans une certaine mesure, les émotions ressenties lors de l'ascension passée des grands cols alpins ! Après la montée d' Aspisheim, la sortie de Nieder-Hilbersheim, le village suivant, requiert encore quelques efforts avant atteindre un plateau d'où l'on aperçoit les grandes antennes-relais qui semblent vous dire : "Tu y es mon grand ! On t'attendait, comme l'an dernier et les années précédentes ! Bienvenue dans le Rheinhe
ssen" ! Le panneau indiquant pour la première fois la direction du village de mes amis me rappelle : "Plus que 3km" !Ce sont trois kilomètres d'intense émotion, voire d' euphorie. 3km de descente à plus de 40km/h vers le terme du périple entamé six jours auparavant dans un petit village du Pas-de-Calais, à près de 700 km de là ! L'allure et les circonstances sont grisantes, le coeur est gonflé à bloc. Dans la tête se mélangent des sentiments de fierté, de satisfaction ainsi que du soulagement car, finalement, il pourrait s'en passer des déboires pendant un aussi long parcours en solitaire !
Arrivé au domicile de mes amis, Fredi m'ouvrit la porte aussitôt après le premier coup de sonnette en tenant à la main son OLUMPUS de "compèt" pour immortaliser cette 8e arrivée de son copain français !
CAMBLAIN-L'ABBE - JUGENHEIM : 690km
Nombre d'heures sur le vélo : 26h58
Moyenne générale : 25,59km/h
Visionnez toutes les photos de ce périple en cliquant ICI
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